L’approche rogérienne

Publié le par Groupe Ensemble

 Dans notre approche, utilisons-nous des outils rogériens dans l'odyssée du sens?


"Chaque individu est unique. Il détient au plus profond de lui sa propre vérité, sa vie et le tracé potentiel de son chemin, qu’aucune science du psychisme ne peut enfermer…Il peut accéder à ses ressources s’il se sent compris, accepté, non jugé."   Selon l’Approche Centrée sur la Personne, développée par Carl Rogers, l’individu possède en lui-même des ressources considérables pour se comprendre, se percevoir différemment, changer ses attitudes fondamentales et son comportement. Elle repose aussi sur une confiance absolue quant à la nature humaine : il existe dans chaque organisme, chaque personne, un mouvement en profondeur qui les pousse vers un accomplissement et le développement de leurs potentialités. Ce mouvement, que Carl Rogers nomme la tendance actualisante, est le fondement même de son approche.

 

 

I.               La vie de Carl Rogers

 

Issu d'une famille protestante, Carl Rogers a reçu une éducation assez stricte et a gardé de ses origines un refus du religieux et de l'obscurantisme. Les loisirs passés à l'entretien de la ferme familiale, et les études d'agronomie ont forgé son goût pour les choses concrètes de la terre, son côté pragmatique et le désir de démontrer ses découvertes et affirmations : ne rien affirmer qui n'ait été démontré, ne rien croire qui n'ait été expérimenté en soi-même. Ce trait de caractère influencera sa conception de l'apprentissage des connaissances : ce qui s'apprend le mieux est ce qui a une signification dans l'expérience de la personne ; ce qui s'apprend le mieux est ce qui a été éprouvé, et qui, d'une manière ou d'une autre, correspond à une expérience authentique.
Le contact avec la nature, le soin aux plantes lui apporte l'expérience de la force naturelle de croissance, l'habitude de contempler cette force et de l'accompagner. Il appliquera ensuite  le concept aux êtres humains sous le terme de « tendance actualisante ».
Un voyage en Chine, en tant qu'étudiant, pendant ses études de théologie l'a fortement influencé et a provoqué, dans sa vie, un changement d'orientation. Il s'oriente alors vers l'histoire et la psychologie et prend des distances vis-à-vis de sa famille. Ce voyage a certainement laissé des traces dans sa conception de l'être humain, dans sa confiance indestructible dans la direction positive du développement humain.

Dans son travail de jeune psychologue auprès d'adolescents en difficultés et de leurs parents, il découvre la force "guérissante" de l'écoute : "comme je ne savais pas quoi dire, je me contentais d'écouter et ce fut le point de départ de la première psychothérapie centrée sur la personne".

Il occupe ensuite un poste d'enseignant dans différentes universités américaines, ce qui lui donne l'occasion de créer un centre de consultation où la nouvelle méthode d'accompagnement thérapeutique est expérimentée. De nombreuses heures d'entretien sont enregistrées et analysées par les étudiants. Des articles sont écrit, et la première grande formulation théorique et pratique de ce qui apparaît alors clairement comme une nouvelle méthode de psychothérapie, paraît en 1940 sous le titre : "Relation d'aide et psychothérapie". Aider est employé ici au sens anglais de "counsel" : délibérer avec, accompagner et non faire à sa place. (examiner les différents aspects d’une question, se mettre d’accord sur le sens. Qu’est-ce que tu veux dire ?)

 

Au fur et à mesure que les recherches se développent, la théorie de la personnalité se précise et la pratique s'étend à d'autres champs d'application. L’intérêt que Rogers porte à la psychothérapie le conduit à s’intéresser à tous les genres de relations d’aide, c’est-à-dire, des relations dans lesquelles l’un au moins des deux protagonistes cherche à favoriser chez l’autre la croissance, le développement, la maturité, un meilleur fonctionnement, et une plus grande capacité à affronter la vie. L’autre dans ce cas, peut être un individu ou un groupe. On peut aussi les définir comme des situations dans lesquelles l’un des participants cherche à favoriser chez l’une ou l’autre partie ou chez les deux une appréciation plus grande des ressources latentes internes de l’individu, ainsi qu’une plus grande possibilité d’expression et un meilleur usage fonctionnel de ces ressources. D'autres domaines de l'expérience humaine sont investis, comme le social, l'éducation, l'entreprise etc.


A la fin de sa vie, il se consacre de plus en plus à la lutte pour la paix, en travaillant avec de très grands groupes, de plusieurs centaines de personnes parfois, à travers le monde, partout où des hommes et des femmes de bonne volonté, appartenant à des groupes religieux, ethniques, politiques opposés, veulent bien tenter de se rencontrer à un niveau de profondeur humaine qui permet de se comprendre. Son nom avait été cité pour le prix Nobel de la Paix juste avant sa mort, qui a empêché que le prix lui soit réellement attribué. Seule la mort a arrêté son travail : son dernier livre "A way of being" a été écrit aux alentours de 80 ans, et lorsqu'il est mort, à l'âge de 85 ans, des projets étaient encore en route : ce sont ces étudiants et collaborateurs qui les ont repris et continués.

 


II.             Ses découvertes

 

Je laisserai intentionnellement les citations personnelles de Rogers, qui énonce en disant « Je » ses propres découvertes qui ont émaillé sa vie et son travail.

 

II.A.               Au niveau des relations interpersonnelles :

C’est tout le travail de la thérapie qui est ainsi résumé. Le thérapeute rogérien est convaincu que l’homme possède en lui cet immense potentiel d’évolution et d’épanouissement, qui se développe par lui-même pour peu qu’il bénéficie d’un contexte favorable. Il va donc aider la personne en thérapie à relancer ce processus spontané d’épanouissement, qui a été entravé par des circonstances malheureuses et que des expériences de vie ont interrompu : une famille souffrante, une éducation dépourvue de compréhension, de reconnaissance, de protection, d’amour et de liberté à être soi-même, des agressions ou des abus, des maltraitance physiques ou psychiques. Le thérapeute aide son client à travailler sur la confiance en soi et l’estime de soi, l’amène à s’y prendre mieux avec lui-même afin de s’écouter, de respecter son ressenti et ses besoins. Il s’agit de lui apprendre à se fier à ce qu’il ressent, pour développer son autonomie et améliorer ses relations avec les autres. C’est pourquoi il n’impose rien, ne conseille et n’interprète pas, mais accompagne la personne dans son travail d’évolution et de changement. La confiance, source de liberté d’expression et de relation dynamique, est en effet l’élément moteur de la thérapie.

 

1) « Dans mes relations avec autrui, j’ai appris qu’il ne sert à rien, à long terme, d’agir comme si je n’étais pas ce que je suis. » Par exemple, il ne sert à rien d’agir avec calme et gentillesse alors qu’en fait je suis agacé et enclin à la critique. Il ne sert à rien de prétendre connaître des réponses qu’en réalité je ne connais pas. Il ne sert à rien d’agir comme si j’éprouvais de l’affection alors qu’en réalité je me sens hostile. Il ne sert à rien d’agir comme si j’étais plein d’assurance, si, en réalité, je me sens craintif et incertain. Même à un niveau plus simple et donc encore plus éclairant, il ne sert à rien d’agir comme si j’étais en bonne santé quand je me sens malade.

Les recherches et expériences de vie de Rogers lui montrent qu’il est inutile, dans nos rapports avec autrui, de maintenir une façade, d’agir d’une certaine façon alors que l’on éprouve quelque chose de différent. Tous les échecs subis dans ses efforts pour aider les autres s’expliquent, selon lui, par le fait que, par une réaction de défense, son comportement l’a placé dans un certain sens à un niveau superficiel, alors qu’en réalité, il éprouvait des sentiments contraires.

 

2) Seconde expérience liée à cette première découverte : « Mon intervention est plus efficace quand j’arrive à m’écouter et à m’accepter et que je peux être moi-même. »  Carl Rogers nous dit qu’avec les années, il a appris à s’écouter lui-même, à reconnaître qu’il éprouve bien envers un certain individu un sentiment de colère ou de rejet, ou alors qu’il se sent vis-à-vis de lui, plein de chaleur et d’affection, ou encore qu’il s’ennuie, qu’il désire comprendre un individu, qu’ il éprouve de l’anxiété ou de la crainte dans ses rapports avec lui. Ecouter ses émotions qui le parcourt lui ont permis d’être lui, de s’accepter comme quelqu’un de très imparfait et qui ne fonctionne pas toujours comme il le souhaiterait.

Cette découverte le conduit à ce paradoxe qui fait que c’est au moment où l’on s’accepte tel que l’on est que l’on devient capable de changer. Cette acceptation de soi-même fait que les relations deviennent réelles. Elles ont quelque chose de vital, de signifiant. Si je peux accepter le fait que je suis agacé ou ennuyé par un client, par un étudiant, je suis aussitôt mieux disposé à accepter les réactions que provoque mon attitude. Je parviens alors à accepter le changement dans l’expérience et dans les sentiments qui se manifestent en moi comme en lui. Les relations réelles ont tendance à changer plutôt qu’à demeurer statiques.

 

Au niveau de ses découvertes, Rogers a mis en lumière un outil qu’il appelle « congruence », condition essentielle au processus de changement.  Le terme congruence désigne une correspondance exacte entre l’expérience et la prise de conscience. Il désigne aussi de façon plus large l’accord de l’expérience, de la conscience et de la communication. Dans le cadre d’une thérapie, il semble nécessaire que le thérapeute soit dans ses rapports, une personne unifiée, intégrée ou congruente, et non pas une façade, un rôle, une prétention. Le terme de congruence désigne l’affrontement précis de l’expérience vécue en pleine lucidité.  Le thérapeute est pleinement conscient qu’il vit  immédiatement l’expérience dans la relation avec autrui. Si cette congruence n’est pas présente à un degré important, il est peu probable qu’une connaissance authentique puisse apparaître.  Nous disons d’une telle personne que nous savons exactement « où elle se situe ». Qu’elle soit en colère, honteuse ou enthousiaste, nous sentons qu’elle l’est pareillement à tous les niveaux, dans ce qu’elle éprouve profondément au niveau « organismique » aussi bien que dans sa conscience au niveau lucide ou que dans ses mots, sa communication. Nous avons tendance à nous sentir en confort et en sécurité dans nos relations avec elle. Avec une autre personne par contre, nous devinons que ce qu’elle dit est presque certainement une défense ou une façade. Nous pouvons nous demander aussi si elle a connaissance de ce qu’elle éprouve réellement, devinant qu’elle peut être totalement inconsciente des sentiments qu’elle éprouve effectivement. Avec une telle personne, nous avons tendance à être pr udent. Ce n’est pas le genre de relation au cours de laquelle les défenses seraient abandonnées et où une connaissance authentique et un changement apparaîtraient . 

 

Exemple : l’enfant au berceau ; page 223

Une des raisons pour lesquelles la plupart des gens éprouvent de la sympathie pour les enfants au berceau est probablement qu’ils sont si complètement authentiques, intégrés et congruents.



Dans certains cas, la congruence se situe entre l’expérience et la conscience.   Exemple : l’homme qui se laisse emporter par la colère au cours d’une discussion de groupe. Son visage se congestionne, il parle sur un ton furieux, il menace du doigt son adversaire. Et pourtant quand un ami lui dit : « Allons, ne nous mettons pas en colère pour ça ! », il répond avec une sincérité et une surprise évidentes : « Mais je ne me mets pas en colère ! je ne ressens pas cela du tout, je ne fais que souligner les faits. » Les autres personnes du groupe éclatent de rire à cette déclaration.  Il paraît clair qu’au niveau physiologique, cet homme éprouve de la colère. Mais sa conscience ne correspond pas à cette expérience. Consciemment, il n’éprouve pas cette colère, pas plus qu’il ne la communique (du moins consciemment). Il y a une réelle non-congruence donc entre l’expérience et la conscience, et entre l’edpérience et la communication.  Sa communication est en fait ambigüe et peu claire. En paroles, c’est un exposé logique et objectif. D’après l’inflexion de la voix, et d ’après les gestes qui l’accompagnent, elle transmet un message très différent : « Je suis en colère contre vous ».  L’individu lui-même n’est pas un juge compétent de son propre degré de congruence. C’est le rire du groupe ici  qui indique clairement un jugement d’ensemble : l’homme éprouve de la colère, qu’il le pense ou non.  Il y a ici une attitude défensive ou un refus de conscience.


Dans d’autres cas, la congruence, ou non congruence se situe entre la conscience et la communication. Exemple : une dame qui a étouffé des bâillements, regarde sa montre sans arrêt, et dit en prenant congés de son hôtesse : « J’ai passé une si bonne soirée, c’était une réunion délicieuse » Cette dame est très consciente de s’être bcp ennuyée. On parlera ici de duplicité ou de tromperie.


La communication se place dans un contexte de perceptions personnelles. Qui a des conséquences importantes : plus la congruence de l’expérience, de la conscience et de la communication est grande chez un individu, plus sa relation avec un autre individu entraînera :

- Une tendance à la communication réciproque avec une congruence accrue

- Une tendance à une compréhension mutuelle plus exacte des communications

- Un ajustement et un fonctionnement psychologiques accrus chez tous les deux

- Une satisfaction mutuelle dans leurs rapports.

Exemple du processus de congruence : Philippe et Gilles.

Si Philippe est congruent, toutes ses indications données par le langage, le ton, les attitudes sont unifiées, il est alors vraisemblable que Gilles ressente sa communication comme étant claire, et non ambïgue ou obscure.

En conséquence, même si Gilles n’est pas congruent dans son expérience, il aura tendance à répondre avec plus de clarté et de congruence.
Philippe  a exprimé de manière authentique ce qu’il ressentait, il a moins à être défensif, donc plus libre pour écouter Gilles, qui, du même coup, va se sentir empathiquement compris. Qu’il se soit exprimé d’une manière défensive ou congruente, Gilles sent que Philippe l’a compris comme il se voit lui-même. Gilles éprouve donc de la considération positive pour Philippe. En effet, sentir qu’on est compris, c’est sentir qu’on a produit une certaine différence positive dans l’expérience d’autrui.

J’y reviendrai, mais pour Rogers, à ce moment là, nous avons toutes les conditions d’une relation thérapeutique (congruence, considération positive, compréhension empathique)

Gilles rencontre de moins en moins d’obstacles dans sa communication, il communique avec plus de congruence, ses mécanismes de défense diminuent, il écoute plus attentivement, Philippe le ressent. On peut dire que Gilles et Philippe sont devenus réciproquement thérapeutiques l’un pour l’autre. Selon Rogers, des changements de personnalité dans le sens d’une unité et d’une intégration plus grande adviennent : moins de conflits et plus d’énergie disponibles pour une vie efficace. Une plus grande maturité.

Il y a néanmoins un élément limitatif : l’introduction d’éléments nouveaux menaçants. Si Gilles fait entrer dans sa réponse congruente des éléments nouveaux qui sortent du domaine de la congruence de Philippe, un domaine dans lequel Philippe est moins congruent, Philippe peut ne pas être capable d’écouter attentivement : il se défend d’écouter ce que Gilles lui communique, il répond avec une communication ambigüe et tout le processus se déroule à l’envers.



 

3) Autre expérience fondamentale de Rogers : « J’attache une valeur énorme au fait de pouvoir me permettre de comprendre une autre personne. » Rogers croit qu’il faut se permettre de comprendre une autre personne, oui. « Notre première réaction lorsque nous entendons parler quelqu’un est une évaluation immédiate, un jugement plutôt qu’un effort de compréhension. « C’est juste, stupide… » Il est rare que nous nous permettions de comprendre exactement le sens qu’ont ses propres paroles pour celui qui les exprime. D’après Rogers, la compréhension comporte un risque : si nous nous permettons de comprendre vraiment une autre personne, il se peut que cette compréhension nous fasse changer. Or, nous avons peur de changement. Il n’est donc pas facile de se permettre de comprendre et avec sympathie un individu dans son cadre de référence.

4) « C’est pour moi un enrichissement que d’ouvrir des voies de communication qui permettent aux autres de me faire part de leurs sentiments et de leur univers tel qu’ils le perçoivent. C’est parce que je sens tout ce que m’apporte la compréhension que je cherche à faire disparaître les barrières qui existent entre les autres et moi-même, afin qu’ils puissent, s’ils le désirent, se révéler plus complètement à moi. »

Nous pouvons par nos attitudes, créer dans nos rapports une sensation de sécurité grâce à laquelle la communication devient plus aisée. Une attitude de compréhension assez sensible pour le voir tel qu’il se voit lui-même et l’accepter comme ayant ces perceptions et ces sentiments, peut aussi être une aide.

 

5) Découverte suivante et capitale : « Il est toujours extrêmement enrichissant pour moi de pouvoir accepter une autre personne. » Pour Rogers, il n’est pas plus facile d’accepter vraiment une autre personne que de la comprendre. Accepter des sentiments hostiles à mon égard, sa colère, ou au contraire son admiration pour moi ? « Tout être est une île, au sens le plus réel du mot, et il ne peut construire un pont pour communiquer avec d’autres îles que s’il est prêt à être lui-même et s’il lui est permis de l’être. C’est lorsque je peux accepter un autre, c’est-à-dire les sentiments, les attitudes et les croyances qui constituent ce qu’il y a de réel et de vital en lui, que je puis l’aider à devenir une personne. »

 

Deux outils essentiels, dans le cadre de la thérapie, conditions nécessaires à une relation d’aide entre un thérapeute et un client :

La compréhension empathique : la compréhension exacte du monde de son client, comme s’il le percevait de l’intérieur, sans jamais oublier la qualité de « comme si ». Par exemple, sentir les colères, les peurs et les confusions du client comme elles étaient les vôtres, sans que cependant, votre propre colère, peur, confusions ne retentissent sur elles. Le thérapeute se trouve alors tellement immergé dans le monde privé de l’autre, qu’il peut clarifier les significations dont le client est à peine conscient. Il communique cette compréhension acceptante au client. D’après Rogers, ce type d’écoute, très spéciale et active, est l’une des forces les plus puissantes pour favoriser le changement.

 

La considération positive inconditionnelle : le thérapeute porte une attention chaleureuse au client, mais pas une attention qui soit possession, ou qui demande une gratification personnelle, ou un certain comportement de la part d client. Il n’y a pas d’évaluation dans cette attitude. Pour Rogers, cela implique d’accepter autant les sentiments négatifs mauvais, que les sentiments bons, positifs. On accepte le client, on lui porte attention, comme à une personne indépendante. On le laisse être le sentiment qu’il est en train de vivre, quel qu’il soit. Un apprentissage authentique a la chance alors de survenir.

 

Ces trois outils sont des conditions constituant un climat favorable au développement de la personne, qu’il s’agisse d’une relation entre thérapeute et client, parent et enfant, professeur et élève, directeur et son équipe…

Lorsque ces conditions sont remplies, il se produit un processus de changement. Les perceptions rigides que le client, ou l’enfant, l’élève se fait de lui-même et des autres se détendent et commence à s’ouvrir à la réalité. La façon rigide dont il interprétait la réalité les significations de son expérience est analysée, et il se trouve remettre en question beaucoup des « faits » de sa vie, découvrant qu’ils ne sont des « faits » que parce qu’il les a considérés comme tels. Il se découvre des sentiments dont il n’était pas conscient, et il les éprouve, souvent de manière vive, au cours de la relation. Il apprend à être plus ouvert à la totalité de son expérience, à être davantage ce qu’il éprouve, il devient une personnalité plus fluide, en évolution, apprenant davantage.

 

6) J’en arrive à une découverte et une des conclusions les plus profondes tirées par Rogers : « Plus je suis prêt à reconnaître ce qu’il y a de réel en  moi et chez l’autre, moins j’ai le désir d’essayer à tout prix d’arranger les choses ».  Plus j’essaie de m’écouter et d’être attentif à mon expérience interne et plus j’essaie d’étendre cette attitude d’écoute à un autre, plus j’éprouve de respect pour les complexités du processus vital. Je suis donc de moins en moins pressé d’arranger les choses, de m’imposer des buts, de façonner les individus, de les manipuler. Je suis beaucoup plus satisfait d’être moi-même et de laisser l’autre être lui-même.  Car je découvre que je change et que d’autres personnes avec qui je suis en rapport changent également.



Je sens que dans l’Odyssée du Sens, les autres membres du groupe vont justement encourager ma créativité, en l’occurrence la création du blog ou l’écriture de scénarii que j’aimerais en place dans l’avenir, sans me juger, mais en acceptation totalement l’acte auquel je pourrai aboutir. Je sens la confiance et surtout la foi qu’ils me portent pour exprimer et pour participer à notre travail commun.

Je me souviens de ma peur de montrer des histoires que j’écrivais ou des scénariis, à mes parents par exemple, car soit je sentais qu’ils étaient indifférents, préférant que je sois un bon élève plutôt qu’un artiste, soit parce que je craignais que la violence qui pouvait résider dans mon histoire les choque, les étonne, venant de ma part. Je sais que dans L’Odyssée du Sens, on ne me dira pas, c’est bien, c’est mal. C’est pour une moi une base de sécurité indispensable, pour justement m’aventurer vers des territoires nouveaux pour moi, pour faire ce saut dans le vide qu’exige à mon sens tout acte créatif.

 

Toujours au niveau de la créativité, je perçois aussi la dernière condition de Rogers, comme une aide précieuse. La compréhension empathique. Je peux sentir que l’autre m’accepte, mais je ne ressens pas forcément sa compréhension empathique. Dans L’Odyssée du Sens, nos échanges me montrent, par exemple, qu’ils me comprennent.

Exemple : Philippe, à qui j’énonce mon idée, et qui rentre, qui me parle de cubisme, qui tout en me comprenant, m’offre aussi ses mots, sa poésie, m’aide à accoucher de ma propre idée, sans détruire ou modifier cette idée de départ. Je sens de l’intérêt, je sens qu’il y a une place pour moi et pour mon travail.

Je pense que j’avais avec Gilles des difficultés de compréhension, j’en ai encore parfois. Mais au fil des derniers mois, depuis que nous sommes dans ce noyau de 4, j’ai pu découvrir certaines choses. J’éprouvais un certaine compétition (notre âge, Jérémie…). J’avais des jugements à son égard : il est trop intellectuel, je ne le comprends pas, j’ai l’impression qu’il n’est pas vrai… Mais je ne le disais jamais, au contraire, je pouvais faire semblant de te comprendre. J’étais non-congruant à cet endroit. Jusqu’à ce qu’on ait une discussion un jour dans le train et où on se le dise. Une proximité, une congruence qui a fait que j’ai changé mon regard sur toi. J’ai été attendri, d’une manière positive, touché par ce que tu me racontais, par l’humanité qui se dégageait. Je t’ai accepté et cela m’a permis de comprendre avec beaucoup plus de joie la manière ton monde, ta manière de t’exprimer, d’accepter ton mode d’expression. Et ce qui me permet, je pense, de te dire aujourd’hui d’autant plus facilement, quand c’est le cas, je ne comprends pas ce que tu veux dire quand tu me dis ça. Mais je n’ai plus de jugement négatif d’ensemble à ton égard.

 

Je dirais que je suis plus congruent, entre ce que je ressens et ce dont je suis conscient. Et je remarque d’autant mieux les instants où je suis non congruants : les moments où je n’exprime pas ce que je pense. Ou je veux donner une autre image de moi-même. L’expérience vécue récemment avec Jérémie, a été nouvelle, car il me semble que c’est une des premières fois où je suis totalement dans l’instant de ce que je vis au moment d’une dispute. En exprimant ce que j’avais ressenti au départ, à la source de cette dispute, qui était un en fait un geste de Jérémie et une réaction défensive de ma part, j’ai pu parler de moi, en parlant de mon expérience, et non en disant : Tu, tu, tu… mais « J’ai ressenti, je n’ai pas compris, ça m’a renvoyé à telle autre blessure, la parole empêchée, le manque d’autonomie… », j’ai d’une part laissé mon corps s’exprimer, sans retenue ou contrôle, en acceptant des pleurs, un tremblement par exemple, et j’ai pu donné aussi beaucoup plus d’aspérités positives à mon interlocuteur, en l’occurrence, Jérémie. Il savait où est-ce que je me situais cette fois, n’étant pas dans le silence ou un dans un faux semblant (ce que tu dis ne m’atteint pas), et en plus, je ne l’attaquais pas, j’exprimais une colère qui n’était pas dirigée contre lui, mais dont il avait pu être un des acteurs dans ce processus. Et sa réaction a été à mon égard très adaptative et très empathique, en disant aussitôt qu’il comprenait, qu’il avait réagi trop durement, que ce n’était pas juste. Cela a nourri un vrai dialogue, où tous les deux avons vu quelque chose qui changeaient. C’est une expérience qui m’a fait valider, car comprendre, le sens de la congruence, non de manière intellectuelle, mais dans le vécu.

 


C’est tout le travail de la thérapie qui est ainsi résumé. Le thérapeute rogérien est convaincu que l’homme possède en lui cet immense potentiel d’évolution et d’épanouissement, qui se développe par lui-même pour peu qu’il bénéficie d’un contexte favorable. Il va donc aider la personne en thérapie à relancer ce processus spontané d’épanouissement, qui a été entravé par des circonstances malheureuses et que des expériences de vie ont interrompu : une famille souffrante, une éducation dépourvue de compréhension, de reconnaissance, de protection, d’amour et de liberté à être soi-même, des agressions ou des abus, des maltraitance physiques ou psychiques. A la suite de quoi, la personne pourra accéder à un Moi évolutif, ayant retrouvé sa souplesse d’adaptation au réel changeant et sa créativité ; un Moi qui au-delà des façades, des « je devrais » et des « il faut », des attentes ou jugements d’autrui, lui permettra d’être vraiment elle-même et de vivre pleinement.

 

II.B.               Découvertes à présent qui concernent moins les relations interpersonnelles que ses propres actions et jugements de valeurs.



1) Je peux faire confiance à mon expérience, à la totalité de mon expérience.
Lorsque je sens qu’une activité est bonne pour moi, c’est la preuve qu’il faut la poursuivre.

L’appréciation « organismique » est digne de confiance. Pour Rogers, organismique renvoie à la notion d’organisme, et chez lui, pas seulement à la structure physique et biologique de l’individu, mais à l’individu en tant que totalité psycho-physique, interagissant comme un tout avec son environnement. Une réaction organismique est une réaction de l’organisme, dans la globalité de ses aspects physiologiques, instinctifs, intuitifs et conscients. Une appréciation positive par exemple signifie que l’expérience vécue est capable de de développer les potentialités de l’organisme, de favoriser son enrichissement, son besoin d’actualisation.

 

 

Je sens que dans l’Odyssée du Sens, les autres membres du groupe vont justement encourager ma créativité, en l’occurrence la création du blog ou l’écriture de scénarii que j’aimerais en place dans l’avenir, sans me juger, mais en acceptation totalement l’acte auquel je pourrai aboutir. Je sens la confiance et surtout la foi qu’ils me portent pour exprimer et pour participer à notre travail commun.

Je me souviens de ma peur de montrer des histoires que j’écrivais ou des scénariis, à mes parents par exemple, car soit je sentais qu’ils étaient indifférents, préférant que je sois un bon élève plutôt qu’un artiste, soit parce que je craignais que la violence qui pouvait résider dans mon histoire les choque, les étonne, venant de ma part. Je sais que dans L’Odyssée du Sens, on ne me dira pas, c’est bien, c’est mal. C’est pour une moi une base de sécurité indispensable, pour justement m’aventurer vers des territoires nouveaux pour moi, pour faire ce saut dans le vide qu’exige à mon sens tout acte créatif.

 

Toujours au niveau de la créativité, je perçois aussi la dernière condition de Rogers, comme une aide précieuse. La compréhension empathique. Je peux sentir que l’autre m’accepte, mais je ne ressens pas forcément sa compréhension empathique. Dans L’Odyssée du Sens, nos échanges me montrent, par exemple, qu’ils me comprennent.

Exemple : Philippe, à qui j’énonce mon idée, et qui rentre, qui me parle de cubisme, qui tout en me comprenant, m’offre aussi ses mots, sa poésie, m’aide à accoucher de ma propre idée, sans détruire ou modifier cette idée de départ. Je sens de l’intérêt, je sens qu’il y a une place pour moi et pour mon travail.

Je pense que j’avais avec Gilles des difficultés de compréhension, j’en ai encore parfois. Mais au fil des derniers mois, depuis que nous sommes dans ce noyau de 4, j’ai pu découvrir certaines choses. J’éprouvais un certaine compétition (notre âge, Jérémie…). J’avais des jugements à son égard : il est trop intellectuel, je ne le comprends pas, j’ai l’impression qu’il n’est pas vrai… Mais je ne le disais jamais, au contraire, je pouvais faire semblant de te comprendre. J’étais non-congruant à cet endroit. Jusqu’à ce qu’on ait une discussion un jour dans le train et où on se le dise. Une proximité, une congruence qui a fait que j’ai changé mon regard sur toi. J’ai été attendri, d’une manière positive, touché par ce que tu me racontais, par l’humanité qui se dégageait. Je t’ai accepté et cela m’a permis de comprendre avec beaucoup plus de joie la manière ton monde, ta manière de t’exprimer, d’accepter ton mode d’expression. Et ce qui me permet, je pense, de te dire aujourd’hui d’autant plus facilement, quand c’est le cas, je ne comprends pas ce que tu veux dire quand tu me dis ça. Mais je n’ai plus de jugement négatif d’ensemble à ton égard.

Dans mon couple, je n’acceptais pas l’idée que Jérémie

 

Je dirais que je suis plus congruent, entre ce que je ressens et ce dont je suis conscient. Et je remarque d’autant mieux les instants où je suis non congruants : les moments où je n’exprime pas ce que je pense. Ou je veux donner une autre image de moi-même. L’expérience vécue récemment avec Jérémie, a été nouvelle, car il me semble que c’est une des premières fois où je suis totalement dans l’instant de ce que je vis au moment d’une dispute. En exprimant ce que j’avais ressenti au départ, à la source de cette dispute, qui était un en fait un geste de Jérémie et une réaction défensive de ma part, j’ai pu parler de moi, en parlant de mon expérience, et non en disant : Tu, tu, tu… mais « J’ai ressenti, je n’ai pas compris, ça m’a renvoyé à telle autre blessure, la parole empêchée, le manque d’autonomie… », j’ai d’une part laissé mon corps s’exprimer, sans retenue ou contrôle, en acceptant des pleurs, un tremblement par exemple, et j’ai pu donné aussi beaucoup plus d’aspérités positives à mon interlocuteur, en l’occurrence, Jérémie. Il savait où est-ce que je me situais cette fois, n’étant pas dans le silence ou un dans un faux semblant (ce que tu dis ne m’atteint pas), et en plus, je ne l’attaquais pas, j’exprimais une colère qui n’était pas dirigée contre lui, mais dont il avait pu être un des acteurs dans ce processus. Et sa réaction a été à mon égard très adaptative et très empathique, en disant aussitôt qu’il comprenait, qu’il avait réagi trop durement, que ce n’était pas juste. Cela a nourri un vrai dialogue, où tous les deux avons vu quelque chose qui changeaient. C’est une expérience qui m’a fait valider, car comprendre, le sens de la congruence, non de manière intellectuelle, mais dans le vécu.

 

 

En abandonnant certaines idées reçues, certaines images, L’Odyssée du Sens m’apprend aussi à réorganiser ma pensée.

 

 

2) « Une évaluation faite par autrui ne saurait me servir de guide. »

De là découle cette découverte-conclusion : L’expérience, à mes yeux, est l’autorité suprême. Pour Rogers, elle est la base de toute autorité parce qu’elle peut toujours être vérifiée par des moyens primaires (une expérience directe de psychothérapie avec un client par exemple a plus de valeur qu’une théorie fondée sur un travail fait avec un client et plus encore qu’un exposé théorique lu ou entendu)

 

3) Autre découverte perso : « J’ai du plaisir à discerner un ordre dans mon expérience ». Ici, Ce que Rogers entend par ordre, c’est du sens, une signification. Pour lui, il n’existe qu’une seule raison valable de poursuivre une activité scientifique : satisfaire mon besoin de trouver une signification dans mon expérience subjective. Il admet avoir fait des recherches pour d’autres raisons : satisfaire autrui, convaincre des sceptiques, avancer dans ma profession, besoin de prestige… Ces raisons ne sont pas valables.

 

4) « Les faits sont mes amis »

Rogers avoue détester réviser ses opinions, abandonner sa façon de percevoir ou de conceptualiser, pourtant c’est bien cette pénible organisation qui s’appelle « apprendre ». (Philippe introduit Comte Sponville : toute nouvelle connaissance est une blessure narcissique)

 

5) « Ce qui est le plus personnel est aussi ce qu’il y a de plus général. Le sentiment qui me paraissait le plus intime, le plus personnel, et par conséquent le plus incompréhensible pour autrui, s’avérait être une expression qui évoquait une résonnance chez bcp de personnes. Authenticité.

 

6) Une leçon tirée par Rogers, tout au long de sa vie : « Mon expérience m’a montré que, fondamentalement, tous les hommes ont une orientation positive. Chaque individu a tendance à s’orienter vers des directions positives, constructives qui tendent vers sn actualisation, sa maturité, sa socialisation. Pour Rogers, mieux un invidivu va être compris et accepté, plus il aura tendance à abandonner les fausses défenses dont il a usé jusque là pour affronter la vie. Même s’il est tout à fait conscient que par besoin de se défendre, l’individu peut en arriver à des comprtements régressifs, antisociaux, nuisibles…

 

7) Dernière découverte importante : « La vie, dans ce qu’elle a de meilleur, est un processus d’écoulement, de changement, où rien n’est fixe. » C’est lorsque la vie nous apparaît comme un flux mouvant qu’elle est la plus riche et la plus satisfaisante. Elle évolue au gré d’une compréhension et d’une interprétation de notre expérience, qui change constamment. Elle est un continuel processus de devenir. C’est pourquoi on ne peut  essayer que de vivre suivant notre propre interprétation de la signification présente de notre propre expérience, sans vouloir imposer aux autres une philosophie, une croyance ou des principes.

 

 

 

La tendance actualisante correspond à la nature même du processus que nous appelons la vie, processus actif, évidemment. La tendance actualisante, puissante et constructive, peut bien sûr être contrariée ou déviée par des circonstances extérieures, mais elle ne peut pas être détruite sans détruire l’organisme. La vie n’abandonne pas, même si elle ne peut pas s’épanouir. Carl Rogers raconte comment il a été convaincu de cette force de vie : « Je me souviens que, dans mon enfance, le bac dans lequel nous conservions notre réserve de pommes de terre pour l’hiver, se trouvait dans la cave, à plusieurs dizaines de centimètres d’une petite fenêtre. Les conditions n’étaient pas favorables, mais les pommes de terre commençaient à germer, des petits germes d’un blanc pâle, tellement différents des pousses vertes et saines qui sortaient de la terre dans laquelle elles étaient plantées au printemps. Cependant ces germes tristes et rachitiques arrivaient à s’allonger de 80 à 90 cm pour atteindre la lointaine lumière de la fenêtre. Ces germes étaient dans leur croissance bizarre et futile comme l’expression désespérée de la tendance actualisante que je viens de décrire. Ils ne deviendraient jamais des plantes, ils n’arriveraient jamais à maturité. Ils n’atteindraient jamais leur potentiel réel. Toutefois, dans les conditions les plus adverses, ils se débattaient pour « devenir ».

Je considère que dans l’Odyssée du Sens, nous tentons d’avoir cette approche globale de l’expérience, d’être la totalité de ce que je suis au moment où je parle ou j’agis. Le travail sur le corps, sur la respiration la première année m’a permis d’être attentif à ce que je pouvais exprimer dans mon corps, de repérer des sensations et des émotions qui me parcouraient, sans pour autant toujours les identifier, mais simplement de les sentir. Ensemble m’a permis de prendre conscience de ce qui me faisait souffrir et de ce qui me  procurait du bien-être.

Le manque d’autonomie (avec ma mère), le fait qu’on décide pour moi (Jérémie), qu’on nie ma présence, qu’on soit indifférent à ce que je peux dire ou créer, le fait de ne pas pouvoir partager une expérience, une création, tout cela, c’est un fait, me blesse. Mais avant, je n’accordais pas d’attention à cet état. Car je qualifiais ces états de négatifs. Je voulais être absolument l’individu sans histoire, heureux, tranquille en toutes circonstances. Pour moi, c’était une force. Car je connotais cette image de manière positive et pour moi, j’avais toutes les raisons d’être heureux. Or, Ensemble m’a aidé à ne plus symboliser ces états de manière positives ou négatives, mais justement de les prendre comme des faits. Et chaque fait dans ma vie peut m’apprendre quelque chose. Les faits les plus basiques, les plus quotidiens.

 

Je comprends petit à petit ce qu’implique de vivre un processus. L’outil de l’association libre dans l’Odyssée du Sens m’aide à le comprendre. Je comprends pour l’instant ce qui peut l’en empêcher chez moi. Se fixer un but, vouloir dire quelque chose, un discours prédéfini, fermé, à l’avance. Je crois qu’il est important pour moi de ne pas étouffer l’émotion. Je remarque que lorsque j’entends un témoignage qui provoque une émotion, une étincelle en moi, c’est sur cette émotion que ma prise de parole va me permettre de comprendre, de découvrir quelque chose. Autrement dit d’aller vers quelque chose que je ne connais pas, que je n’ai pas vu, donc lâcher mes certitudes. L’écoute active de l’autre, qui entre en résonnance avec moi, est le point de départ de mes découvertes.

Je peux parler de moi non plus comme un objet, mais comme sujet de l’expérience. Quand je suis arrivé dans Ensemble, je parlais de moi comme d’un objet dont je semblais connaître déjà toutes les facettes : je suis timide, je suis très introverti, j’ai été étouffé par ma mère, je ne finis jamais les projets que j’entreprends. J’étais finalement dans des jugements par rapport à moi-même. Or, l’Odyssée du Sens m’a fait comprendre que les ressources sont à l’intérieur de moi-même, et que je change à chaque instant. J’étais certain d’être très nerveux, très stressé. Or, je sais que ça ne me définit pas. Je suis toujours sujet à du stress, dans certaines situations, comme aujourd’hui où je fais mon exposé, mais ce n’est pas mon état d’être. En comprenant pourquoi je suis stressé, je rentre dans le mécanisme qui s’opère en moi, mais il n’y a plus de fixation. Je peux d’autant mieux agir sur ce mécanisme. Et cela m’a permis d’être beaucoup plus détendu au travail, en organisant mon travail différemment, en créant de nouveaux outils (agenda, tâches à faire, notes plus précises…).

Je peux aussi affirmer que je ne connais pas l’outil tant que je ne l’ai pas expérimenter. Je ne peux apprendre que par mes propres découvertes. D’ailleurs, je ne me pose plus la question de savoir « Qui je suis ? » « Qu’est-ce que je pense ? » « Que faut-il penser ??? », je pense que ma singularité s’exprime et parle d’elle-même dans ces moments-là. Ici, je suis certain de parler vraiment de moi, l’utilisation du « JE » dans l’Odyssée du Sens prend tout son sens.

Dans les moments où je suis dans une action artistique (que ce soit sous forme d’ un écrit, une fiction ou tout simplement décorer une table pour un  repas), j’ai une intention, mais je ne connais pas d’avance le résultat auquel je vais aboutir. Et je suis d’ailleurs surpris, en bien ou en mal, par le résultat. Il y a toujours quelque chose d’inattendu. Je dépends de ce que je ne sais pas encore. Et cela fait des expériences sur lesquelles je peux m’appuyer, elles sont miennes.

Je relie cette idée du processus de changement au processus de créativité, qui porte toujours la marque singulière de l’individu, et qui laisse émerger, dans l’action, sa manière d’être en interaction avec le monde, avec les évènements, les personnes, les circonstances de sa vie. La créativité naît à mon sens de cette tendance à l’actualisation de l’homme que nomme Rogers : à devenir ce qui est potentiel en lui. Tout processus interrompu laisse donc forcément une blessure, ou en tout cas une non-réponse, une question non résolue.

Une première question serait : Est-ce que je créé quelque chose qui me satisfait moi ? Ou suis-je dans ce qu’on attend de moi ?

Le processus créateur nécessite bien que le créateur estime sa création valable en fonction de son jugement personnel, sa capacité à exprimer ses pensées, sentiments, douleurs, joies… Si je cherche l’assentiment général, si je cherche à faire quelque chose que j’ai déjà vu ailleurs, je découvre que ma créativité est étouffée. Je ne parviens pas à démarrer, à me sortir du contrôle et de l’autorité.

Dans la création du blog cinéma, je ne parvenais pas à trouver ma singularité, jusqu’à ce que j’imagine mêler, pour un thème donné, comme les relations fraternelles, le rapport aux images, le couple, plusieurs films, tirés de contexte différent, mais qui seraient reliés par ma façon de percevoir le sujet, par ma sélectivité, par ma manière de donner du sens, de la structure à des œuvres diverses. Il y a à la fois du JEU et du JE qui s’exprime, et cela créé en moi une étincelle qui me pousse à l’action, tout en étant vraiment moi. Une forme d’évidence : Oui c’est ça ! J’ai trouvé !

Cette découverte me rappelle aussi l’idée de Bachelard, au niveau de sa conception de l’imagination, cette habileté à pouvoir jouer avec les idées, les formes, à faire de nouvelles associations, combinaisons, à formuler de nouvelles hypothèses.

 

 

 

III.           Application à la pédagogie

 

En 1952, lors d'une conférence à Harvard, prétend qu'il n'a rien à enseigner. Qu'il est présomptueux de prétendre qu'on peut enseigner à quelqu'un d'autre comment enseigner. Que les seules connaissances qui importent, c'est ce que la personne elle-même apprend par elle-même.

Il prétend que la prétention de l'enseignant de communiquer des savoirs n'a pas d'intérêt, qu'au contraire cela mutile l'autonomie, sa liberté à s'engager et à faire.

Pour lui, apprendre vient de l'intérieur de soi.

On peut identifier 10 principes essentiels à l’enseignement :

1) Les êtres humains ont en eux une capacité naturelle d'apprendre.

Désir de faire, de produire, de se développer.

2) Un apprentissage valable a lieu lorsque son objet est perçu par l'étudiant comme ayant un rapport avec ses projets personnels. Ce qui implique l'individu, démultiplie son attrait.

3) L'apprentissage qui implique un changement dans l'organisation du moi, ou dans la perception du moi, est ressenti comme menaçant, et on tend à y résister. Tout ce qui remet en cause un système de valeurs et de croyances peut entraîner des changements.

4) Ces apprentissages qui sont menaçants pour le moi sont plus facilement perçus et assimilés lorsque les menaces extérieures sont réduites au minimum.. Les changements sont possibles si l'éducateur limite les prises de risques. Il ne faut pas casser un individu.

5) Lorsque la menace contre le moi est faible, l'expérience vécue peut être perçue dans ses nuances, et l'apprentissage peut avoir lieu. Il faut remettre en cause, sans détruire.

6) On apprend beaucoup et valablement dans l'action. C'est le “learning by doing” de Dewey. (voir exposé d’Emanuelle)

7) L'apprentissage est facilité lorsque l'étudiant détient une part de responsabilité dans la méthode. C'est la différence entre la passivité et l'action. (Client : actif et non passif dans la thérapie)

8) Un enseignement qui engage la personne toute entière avec les sentiments autant qu'avec son intelligence est celui qui pénètre le plus profondément et qui est retenu le plus longtemps. Il ne dépend pas d'une autorité.

9) L'indépendance d'esprit, la créativité, la confiance en soi sont facilités lorsque l'autocritique et l'autoévaluation par autrui est vue comme secondaire.

10) Dans le monde d'aujourd'hui, l'apprentissage le plus utile socialement, c'est l'apprentissage, c'est l'apprentissage des processus d'apprentissage, c'est aussi d'apprendre à rester toujours ouvert à sa propre expérience et à intégrer en soi le processus même de changement. Apprendre à apprendre.

 

L'enseignant : Dans ces perspectives, l'enseignant est un facilitateur. Il crée l'environnement d'apprentissage riche et stimulant. Il ménage les oppositions et les conflits. Il atténue et temporise. Il articule les perspectives de la classe et les objectifs individuels. Il accepte la contradiction. Il offre le plus possible de sources d'apprentissages.

L'empathie, comme chez le psychothérapeute est capable d'accepter, d'accompagner et de susciter par la sympathie et la compréhension. Il ressent à la fois les arguments et les sentiments.

 

IV.           La validation des outils rogériens dans L’Odyssée du Sens.

 

1.   

 

 

 

 

Quelques questions :




Les outils rogériens validés dans Ensemble :

 

Congruence : exemple , sentiment bien être mal être, est-ce que je cache quelque chose.
Exemple dans ma vie de couple, j’accepte d’être triste, de pleurer devant l’autre…

 

Compréhension empathique : Jérémie et les courses par exemple

 

Processus du changement

 

Questions pour finir à se poser…

 

Max Weber : « Dans mes humbles efforts de création, je dépends beaucoup plus de ce que je ne sais pas encore, et de ce que je n’ai pas encore fait.

 

 

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C
je cherche l'origine de cette phrase de rogers sur la nécessité d'avoir été là où on veut accompagner l'autre pour être ne mesure de l'aider<br /> je vois que ses propos sur l'enseignement semblent une bonne piste en avez vous une autre?
Répondre
A
Les phrases ne sont pas importantes , la question est qu'est ce que je comprends de la démarche rogérienne et comment je l'applique dans la vie? La démarche rogérienne est une attitude , une façon d'être avec les autres afin de favoriser un climat favorable à l'apprentissage et à la découverte